Parce que :
Il m'est insupportable d'imaginer qu'à quelques centaines de mètres de chez moi, un enfant de 8 ans attende à la sortie de l'école sa maman qui ne viendra jamais plus le rechercher
- Il m'est insupportable d'imaginer qu'une jeune fille venue d'Italie vivre au cœur du Marseille populaire et en plein centre-ville, y meure, non pas à la suite d'une quelconque agression mais simplement en restant « chez elle ».
- Il m'est insupportable, à l'abri dans mon logement sans fissures fatales, d'imaginer que, pour se protéger des effets de la pluie, il soit plus prudent de sortir avec sa famille dans la rue, sous les gouttes, trempés mais vivants, que de rester sous un toit mortel.
-Il m'est insupportable d'imaginer que les animaux domestiques des habitants de la Plaine risquent moins leur vie et leur santé que les enfants de Noailles
- Il m'est insupportable de penser que dans cette ville connue pour sa pauvreté et ses manques criants - hurlants même – de moyens, 20 millions d'euros puissent être consacrés, contre l'avis d'une partie de ses habitants, à la montée en gamme d'un quartier déjà privilégié puisqu'aucun des habitants de la Plaine ne craint pour sa vie quand il se met à pleuvoir.
Parce que dans le quartier de Noailles, il n'est plus question de logements indignes, mais bien de logements infâmes, et que je ne veux pas être le complice silencieux de cette infamie. Sinon, c'est bien moi, habitant de la Plaine, qui deviendrai indigne. Et ce n'est plus le mur qui entoure la place (et pour lequel, 4 à 500 000 euros ont pu être débloqués immédiatement et « en urgence » pour son édification) qui sera qualifié de mur de la honte, mais c'est bien toute la place Jean Jaurès qui deviendra le quartier de la honte, salissant au passage le nom de ce grand pacifiste, assassiné parce qu'il prônait la paix entre les peuples.
Et justement - Ouloume, Fabien, Simona, Sherif - quand on égrène les prénoms évocateurs de leurs origines diverses, on se rend compte que c'est une partie de ce Marseille métissée qui est morte aussi, étouffée dans les gravats.
C'est la raison pour laquelle je demande que soit abandonné immédiatement ce projet somptuaire qui, s'il est poursuivi, deviendra mortifère et qui, à l'heure où des corps attendent encore d'être libérés des décombres, n'est plus seulement dérisoire mais indécent.
Que cet argent, notre argent, soit donc affecté au sauvetage, secours, assistance de nos voisins « d'Aubagne » en danger imminent, et que les habitants actuels de ce magnifique quartier de Noailles, où l'on adore traîner, soient relogés dans ce même centre-ville, à nos côtés, parce que nous, privilégiés aux comportements parfois consuméristes et égoïstes, avons beaucoup à apprendre des plus démunis en matière de solidarité, de tolérance et de fraternité. C'est ça la vraie, la seule plus-value qui vaille. Et que cette future Plaine, simplement rafraîchie à peu de frais et de nouveau agréable, leur soit ouverte, à eux nos voisins - ainsi qu'à tous les Marseillais - et puisse contribuer à leur offrir quelques instants de détente, de répit. Car elle leur appartient également.
#solidaritéentrelesquartiers
#laPlaineavecNoailles
Wesign.it ne vit que grâce aux dons et ne fait pas de commerce avec vos données. Pour maintenir ce service, soutenez-nous, les fonds serviront à payer le serveur, l'envoi de mails ainsi qu'un salaire à temps plein sur un an.